| Focus 1/1 | Épices et herbes aromatiques : un bénéfice pour notre santé ?

La route des épices, prémices de la mondialisation

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La mondialisation du contenu de nos assiettes a commencé dés l’antiquité avec le commerce des épices.

L’usage d’épices comme la cannelle ou le cumin est retrouvé en Mésopotamie et dans l’Égypte ancienne.

Au début de notre ère, le clou de girofle est présent à la cour des empereurs chinois, réservé à un usage médicinal. Il est également consommé dans l’Empire romain. Au XIVe siècle, Chinois, Arabes et Javanais se partagent ce commerce lucratif – incitant les Européens à ouvrir de nouvelles voies maritimes pour se passer des intermédiaires.

C’est la multiplication des échanges avec la Grande Grèce, et les conquêtes de l’Empire Romain qui introduisent les épices en Europe.

A la disparition de l’empire d’Occident, elles deviennent le monopole de Damas et de Constantinople. Ce monopole se termine quand survient l’apogée économique des cités états italiennes, qui, au cours des croisades ont noué des relations maritimes avec le Moyen Orient.

Gênes, Pise, et Venise, la Sérénissime, redistribuent alors à prix d’or les épices d’Orient à tout l’Occident chrétien. Grâce à ces denrées rares et précieuses se sont bâties des fortunes et ont surgi des empires.

Figure. Route maritime de « Brest au royaume de Siam », c. 1690. [Source : Vincenzo Coronelli [Public domain]]
La bataille économique liée au commerce des épices fut l’un des moteurs des grandes découvertes qui, pour se lancer dans de telles conquêtes, nécessitèrent des progrès fulgurants dans les sciences et dans les techniques.

La course aux épices de l’Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, a façonné une nouvelle économie, prémisse du capitalisme moderne. Pendant des siècles, elle a hiérarchisé la puissance des états, selon qu’ils contrôlaient ou non leur commerce alors que, en parallèle, on ne peut que constater que les populations des pays producteurs d’épices ont été généralement les victimes de la volonté de puissance et de la convoitise des pays européens.

Aujourd’hui, rétablir un rapport de force équilibré entre les producteurs et les acheteurs d’épices devient un objectif écologique et sociétal car, les pays les moins avancés, comme Madagascar, ne tirent pas encore assez de profits de ce qui est l’un de leurs plus grands atouts à l’export.